Vers le début de notre ère, un sage nommé Manu établit un code de lois à destination des sages indiens, les brahmanes, pour les aider dans leurs devoirs. Ils devaient guider les différentes castes et faire appliquer les lois du dharma. De la semblent historiquement découler les premiers liens entre yoga et végétarisme.
Origine connue
On les appelle les lois de Manu Manusmṛti, मनुस्मृति ou encore le Mānava-Dharmaśāstra, मानवधर्मशास्त्र. Ce texte proposait certaines observances ou devoirs pour chacune des castes.
Celle des brahmanes (sages) devait faire observer ces lois par le pouvoir d’action des Kshatryas (guerriers).
Une d’entre elles, un yama nommé ahimsâ, la non violence, demandait aux brahmanes et aux yogis d’observer bienveillance et bienfaisance sans faille envers tous les êtres et sous-entendait donc qu’ils soient végétariens.
Point intéressant, cette observance n’était exigée que des brahmanes, la caste la plus élevée.
La non-violence est le plus suprême devoir, la plus haute religion
Pour autant, le végétarisme n’était pas exigé avec les autres castes.
En effet, Manu considérait que la caste guerrière des Kshatriya dans ses actions et devoirs respectait son dharma même dans la violence. Si elle était prodiguée sans violence intérieure, sans haine et avec détachement.
Cette subtilité permettait de ne pas créer de karma.
Les castes inférieures n’étaient pas tenues non plus d’être végétariennes. En effet, fort d’une compréhension des pulsions et besoins humains très fine, Manu considéra qu’il ne pouvait exiger des hommes « normaux » qu’ils exercent une emprise sur leur appétit.
Manu, qui était alors leur guide, eut la sagesse de n’imposer le végétarisme qu’aux sages, considérant qu’eux seuls pouvaient appliquer ses règles. Les brahmanes étant considérés comme la caste la plus noble, se plaçaient comme exemple. Et de ce fait pouvaient inspirer les plus nobles des autres castes par leur exemple.
Yoga et végétarisme : le cas des yogis
Les yogis ne sont pas systématiquement des brahmanes.
Bien qu’hors caste ils adoptent généralement le régime végétarien.
Pour les renonçant aucun écart ne semble envisageable d’après les textes les plus connus comme les upanishad ou les yoga sutra…
Pour ceux ayant prit la voie du tantra, lors de certaines occasions, rituels par exemple, la consommation de viande sera requise.
Les yogis ont constaté que la viande a un effet excitant qui n’aide pas à la clarté d’esprit qu’ils recherchaient pour devenir apte à méditer.
Les vaches sacrées
Les indiens ont érigé les vaches en créatures sacrées. Une d’entre elles accompagne Shiva. Un des noms de Krishna est Govinda : le protecteur des vaches.
Leurs vaches laitières sont appelées aghnya qui signifie : qu’on ne peut pas tuer.
Manu impose des pénitences très strictes envers celui qui aurait mangé une vache.
Celui qui a commis le crime du meurtre d'une vache boit pendant le premier mois une décoction de grains d'orge ; ayant rasé tous ses cheveux et se couvrant lui-même avec la peau de la vache tuée, il doit vivre dans une étable.
Il semble qu’il soit contre nature de consommer de la viande bovine. L’étude de la nutrition le montre. Notamment avec les dégâts que peuvent faire leur consommation sur les articulations, crises d’arthrose et le cœur, crise cardiaque.
Encore de nos jours en Inde dans l’état du Gujarat le meurtre d’une vache est un acte qui peut entraîner une peine de prison à perpétuité.
Yoga et végétarisme : moralité et logique
Les brahmanes avaient bien compris qu’il ne servait à rien de s’opposer à la nature des hommes. Ils ont donc pris le parti de se montrer exemplaire, par leur discipline et par leur tolérance.
Lorsqu’on adopte le régime végétarien, c’est souvent lié à une prise de conscience : vidéo choc, rencontres, discutions… Une prise de conscience qui aura créé un sentiment de dégoût vis à vis de la viande, de la violence et de l’injustice. Pour autant cette sensibilité si noble ne prend pas chez tout le monde. Et même pour certains que cela répugne, il est parfois très difficile d’arrêter.
Les sages ayant leurs énergies et leurs pulsions disciplinées avaient bien pris conscience d’une chose. Leurs besoins et capacités étaient différents de celles d’un guerrier.
Il semble de approprié que l’on se contente de militer par notre exemple, en sensibilisant sans imposer de violence, ni de jugement.
Prendre du recul semble, comme souvent, la première chose à faire.