Parmi la palette de techniques utilisées par les yogis. Les postures de yoga ou âsana sont les plus visuels et accessibles et donc les plus connues.
Les « maîtres » (en marketing grand public), qui ont importé le yoga en occident, les ont enseignés à travers leurs aspects « extérieurs ». Focalisant sur leurs effets sur la santé, le bien être, la souplesse, l’agilité, etc..
Il est évident les postures de yoga offrent de nombreux fruit au niveau santé.
Il en résulte que le mot yoga. Quand il n’est pas interprété comme une thérapie psychanalytique. Évoque d’autorité, pour un occidental, quelques contorsions originales faites dans le but de se détendre mais surtout de paraître.
Prises avec de telles intentions il faut bien savoir qu’on pourra s’y exercé pendant des mois ou des années sans jamais obtenir la mise en mouvement des forces qu’elles détiennent. Cependant on s’en fera souvent l’illusion par leur effet « bien-être ».
Mais elles proposent aussi autre chose pour peu que l’on dirige notre intention vers l’intérieur et qu’on les tiennes un moment avec les gestes appropriés.

Le but intérieur de l’âsana
Âsana veut dire exactement : « fait et manière de s’asseoir » et suppose l’immobilité. Le corps ne doit éprouver aucune gêne pour que s’établissent le retrait des sens et la concentration. L’âsana doit pouvoir être tenu longtemps sans incommodité, le yoga sûtra de Patanjali dit qu’elle doit être : « stable et agréable » ( il ne faut pas être complaisant pour autant, pour gagner cette stabilité, des efforts sont à fournir, comme dans toute discipline les débuts sont les plus difficiles, frustrants et exigeants).
Dans le Râja yoga, âsana se limite donc aux quelques postures assises utilisées pour la méditation (padmasana, siddhâsana, svastikâsana, bhadrâsana).
On voit ici que l’âsana exige l’arrêt total de tout mouvement afin de stopper l’agitation physique et l’éparpillement mental. Elle cherche à rendre le corps invulnérable aux contraires. En supprimant le trouble de la conscience que provoque la sensation d’un organisme en perpétuelle immobilité. Provoqué par notamment par la dualité de nos énergies.
Les postures de yoga dans les textes traditionnels.

Mais le Hatha yoga ne se contente pas des postures assises et en utilise d’autres en très grand nombre.
On parle symboliquement de 8 400 000 âsana dont 84 sont classiquement retenus et enseignés.
Elles portent généralement des noms d’animaux : lion, tortue (rapport évident avec le chamanisme), de sages : Matsyendra, Goraksha, Vashistha… (des figurines mythiques et historiques du yoga, ceux qui les ont transmis il y a des centaines d’années), de dieux : Garuda, Hanuman, Nataraja Shiva…

Il faut recourir à différents textes pour avoir une vue d’ensemble sur leur description. L’Anubhâva Prakâsha en examine cinquante, la Gueranda samhitâ et le Vishva Kosha 32 chacun. Le Yoga Pradipa en décrit 21, la Hatha Yoga Pradipika quatorze, la Shiva Samhitâ quatre, dont 3 assises. On en trouve aussi dans les différentes upanishades du yoga.
Le yoga sûtra quant à lui propose une description de la posture.
Précisions techniques pour la pratique des âsanas
Pour vivre les forces et les pouvoirs offerts par les postures de yoga, elles devront être complétées par le contrôle du souffle prânâyâma, par des contractions précises bandha, des geste ou sceaux mudrâ et parfois des mantra. Les résultats produits diffèrent selon la durée de l’exercice, le tempérament, les dispositions, les énergies de chacun et celles qui sont en influence sur nous à ce moment précis.
Aspect fondamentale à comprendre : nos énergies et celles jouant sur nous fluctuent sans cesse, c’est leur nature. Alors il est commun d’observer des changements logiques de sensations, de souplesse et d’énergie d’une pratique à l’autre… Si par exemple vous pratiquez à 6 heures du matin l’expérience sera souvent différente que si votre pratique est à 9 heures.
Quand toutes les conditions se trouvent réunies et que la maturité spirituelle de l’adepte le permet. La tenue d’une posture prend alors son sens profond et déclenche une véritable catharsis à l’issue de laquelle se manifeste le contact direct avec l’entité cosmique que l’âsana représente. Les chakras se trouvent disposés de telle sorte qu’ils correspondent au diagramme figuré par l’archétype proposé.
Postures statiques ou enchaînements ?
Durant le siècles dernier plusieurs soi disant « maîtres » en yoga ont cru bon d’inventer une pratique dans laquelle les postures étaient enchaînées les unes les autres et tenues à peine une seconde. Profitant de la méconnaissance des occidentaux envers cette discipline les postures seules sont devenues le yoga (parsemées de quelques exercices de respiration peu efficaces).
« Au pays des aveugles le borgne est roi ».
Leur influence a été tel que cette nouvelle forme est quasiment devenue la norme.
Il est indéniable que ces enchaînements apportent un certain bien être.
Pour autant à la différence des âsana tenues un moment avec les gestes appropriés, ces pratiques ne transforme que très peu nos énergies.
Le hatha-yoga traditionnel, par la pratique de l’âsana offre un certain bien être grâce à l’augmentation de nos énergies subtiles et à leur équilibrage. Tandis que les enchaînements de postures offrent ce bien être par la dépense d’énergie réalisée dans la séance. Comme quand on pratique un sport…
Par ailleurs on peut constater le même genre de déviance avec les postures acrobatiques mises en scène sur instagram ou d’autres supports. La souplesse et l’agilité ne sont aucunement nécessaire pour aborder le yoga. De plus, être capable de prendre une posture visuellement impressionnante ne montre aucunement notre expérience du yoga.
L’immobilité et sa contrainte dans l’âsana
Il est important de comprendre que la nature a programmé toutes les espèces animales pour qu’elles cherchent le confort. L’humain n’échappe pas à la règle et tenir longtemps dans une posture de yoga n’est généralement pas confortable. Cependant c’est entre autre par ce type de contraintes que l’homme sort de ses conditionnements naturels. Ainsi il peut obtenir un état transcendant. S’astreindre à rester totalement immobile dans une âsana difficile créé un feu intérieur puissant qui transmute notre corps et notre esprit.
Sans contrainte ni investissement on ne crée rien d’exceptionnel et qui perdure.

Le texte traditionnel de la Yoga Sikha Upanishad nous dit ceci :
Les êtres incarnés sont de deux sortes : « crus » (apakva) et « bien cuits » (paripakva). Ceux qui sont « crus » n’ont pas été soumis au traitement mûrissant du Yoga. Ceux qui sont « bien cuits » sont ceux qui ont été menés à maturité complète par le yoga. Tout le corps de celui qui est cuit, purifié par le feu du Yoga, devient conscient et exempt de souffrance, tandis que le corps qui est peu conscient et immature n’est fait que de poussières et devient la cible de tout les maux
Les postures de yoga et la méditation
Grâce à la maîtrise des âsanas, une tranquillité, une stabilité, une impression de légèreté et de bien être se développent à l’intérieur du corps et le pénètrent tout entier.
Cette quiétude est nécessaire pour avoir accès à la profondeur de la méditation. En temps normal l’humain est trop agité pour pouvoir se stabiliser en posture assise, le dos droit. Les postures sont donc souvent une étape bienvenue voir nécessaire pour apprécier cette pratique.
On peut facilement vérifier par soi même l’effet des âsanas en s’asseyant avant et après une posture. Après une posture de yoga, si elle a été réalisée de la façon appropriée, on peut percevoir les énergies qu’elle aura équilibrer. De ce fait, on se sentira plus stable et plus calme en assise.
Âsana : les fruits de la pratique
Pour résumer les postures de yoga, dans leur objectif d’intériorité vont nous offrir les fruits ci-dessous.
- renforcement de la condition physique, souplesse et endurance. Pour pouvoir tenir une posture assise pendant longtemps avec le dos droit et ainsi favoriser la concentration. Celle-ci amènera à la méditation
- équilibrer nos énergies notamment dans les nadis et les chakras : ceci offre une stabilité physique et mentale. On trouve plusieurs postures dont le nom est synonyme même d’équilibre. Notamment la posture de l’arbre, Vrksâsana ou du balancier, Tolangulâsana.
- déclencher des effets mystiques offrant des perceptions et capacités qui ne sont pas « naturelles ». Ces fruits sont offerts aux virtuoses et aux pratiquants acharnés. En prenant par exemple Garudâsana la posture de l’aigle, il est dit que notre vision devient acérée. Mâyûrâsana la posture du paon augmente nos vibrations à l’image du paon essayant d’intimidé un concurrent.
Enfin si vous en cueillez d’autres n’hésitez pas à les partager en commentaire. Chaque âsana renferme ses secrets.
Découvrez cette série de vidéos abordant divers aspects des postures de yoga
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Une étude des postures inversées par Jo de Yogafire.
Références :
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- La voie du Yoga de Jean Papin
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- Les 108 Upanishad de Martine Butex :
- Les voies du yoga de Tara Michael :
Très intéressant !! C’est bien complémentaire de tes vidéos, ça donne envie de refaire un tour dessus à la lumière de cette lecture 🙂
Bonjour et tout d’abord merci pour votre article. J’y ai retrouvé beaucoup de notions que mes maîtres Indiens m’ont enseignees. Je suis professeure de yoga aujourd’hui et lorsque je vois toutes les dérives que l’on trouve autour du yoga je suis heureuse lorsque je retrouve l’essence originale du yoga. Salutations